Les Français ne veulent même plus regarder dans la boule de cristal
Cette semaine, un article lu dans le journal le Monde m’a laissé particulièrement songeur ! Tout est dit dans le titre : « Je ne suis pas certain d’avoir envie de connaître le monde d’après » : face à la pandémie de Covid-19, les Français peinent à se projeter. Et c’est vrai qu’après des années de crises économiques et plus d’un an de crise sanitaire, difficile d’en vouloir aux Français de ne pas avoir foi en l’avenir !
Pourtant, à l’opposé du sentiment de résignation ambiant, c’est exactement l’inverse que je ressens. Personnellement, l’avenir m’enthousiasme et je suis persuadé que les années à venir seront marquées du sceau du changement tant espéré et de la joie de vivre ! Comment expliquer cet écart ? Pourquoi mes compatriotes n’arrivent pas à voir l’aube qui pointe après une nuit particulièrement sombre ?
Il faut dire que de nombreux éléments vont dans le sens d’un fatalisme démobilisateur. Premièrement, ne nous voilons pas la face, les Français ne sont pas réputés pour être les joyeux drilles du continent européen et nombreux sont les sondages qui nous font pointer en tête des peuples les plus pessimistes dès qu’il s’agit d’envisager nos perspectives sur le plus ou moins long terme ! Même s’il date un peu, je garde en tête cette étude de 2014 réalisée par l’institut de sondages américain Pew Research Center qui disait que 86% des habitants de l’hexagone pensaient que les enfants d’aujourd’hui auront un niveau de vie inférieur à celui de leurs parents. Record absolu tous pays confondus.
Que de temps perdu…
Autre élément à mettre au crédit de ceux qui pensent que la messe est dite, il est vrai que nos gouvernements rejouent encore et encore le même jeu de l’immobilisme depuis près de 50 ans. Nous laissant ainsi penser que nous sommes tout simplement incapables de nous mettre à la hauteur des enjeux écologiques !
En effet, depuis le rapport des époux Meadows des années 70, d’ailleurs vivement dénoncé à l’époque, le débat écologique a été principalement réduit à des discussions techniques pour valider quelles solutions devaient être mises en place pour limiter notre impact sur la planète.
Près de 50 ans plus tard, ces conversations continuent à faire rage sans que de véritables actions concrètes aient été mises en place et que notre course consumériste effrénée ait été ralentie. Pire, les limites planétaires sont en train d’être dépassées les unes après les autres et nous continuons à chercher l’impossible découplage entre économie et écologie. Et forcément, nous, « petits citoyens », nous nous sentons complètement dépassés par ces enjeux. À la fois abandonnés par les décideurs politiques et malmenés par les dirigeants des grandes entreprises qui continuent à faire passer le profit avant le reste.
Sommes-nous voués à l’immobilité ? Sommes-nous dépassés par un défi hors de notre portée ? Ou peut-être est-ce notre incapacité à appréhender le temps long qui nous pénalise tant ? Comment expliquer cet échec monumental alors que l’humanité a montré tout au long de l’Histoire sa capacité à réaliser des prouesses ?
Et si finalement, plutôt que de manquer de solutions et d’alternatives nous manquions d’un cap ? De plusieurs caps même ! Des futurs souhaitables, des utopies réalistes, des portes entrouvertes vers des modes de vie écologiques et solidaires qui nous permettraient d’envisager avec enthousiasme les décennies à venir.
Le monde de demain est déjà là, tout autour de nous
Contrairement à ce qu’on peut trop souvent penser, ils sont nombreux à agir au quotidien pour prouver qu’un autre monde est possible : militants passionnés, citoyens engagés, scientifiques dédiés, entrepreneurs conscients, dirigeants politiques éclairés ! Ils ont osé dire « oui » à un avenir meilleur et agissent tous les jours pour le faire advenir.
Pour se projeter dans un avenir concret et baliser les trajectoires sans repousser aux calendes grecques, tout autour de nous, des acteurs ont décidé d’agir pour contribuer dès aujourd’hui à la société juste et durable que nous espérons tant voir se concrétiser. Seules ou à plusieurs, elles ont réussi à faire émerger des preuves concrètes que les jours heureux sont à portée de main. Premier exercice donc : diversifier ses sources d’information pour s’inspirer de ceux qui agissent au quotidien et proposent des alternatives à notre système.
Là est sans doute ce qui me différencie de celles et ceux qui ne voient pas comment notre avenir peut se conjuguer avec des jours heureux ! J’ai eu l’opportunité de rencontrer ces dernières années une quantité extraordinaire de personnes dynamiques, dans l’action, qui ont déjà un pied dans la société de demain. En parallèle, j’ai su me créer petit à petit cet aimant à « raisons d’y croire », grâce aux médias alternatifs, mais aussi aux documentaires positifs ou encore à mes lectures inspirantes. Autant d’éléments qui m’ont permis de voir toutes les perspectives de changement sur le temps long bien cachées mais présentes derrières les obstacles du court-terme.
Mon conseil : plutôt que de continuer à vous informer uniquement auprès des médias qui font leurs choux gras des trains qui arrivent en retard, il est urgent de nuancer et d’équilibrer notre « consommation » d’actualités pour voir le monde tel qu’il est vraiment : complexe, menacé mais aussi plein d’espoir. Les médias alternatifs et indépendants sont nombreux : Le Drenche, L'Âge de Faire, Reporterre, La Relève et la Peste, Médiapart, Kaizen, We Demain, Usbek & Rica, etc. Sur Internet, des sites comme positivr.fr, onpassealacte.fr ou loptimisme.com seront des alliés précieux pour découvrir de nouvelles initiatives vertueuses !
Pour les documentaires et les podcasts, IMAGO TV va vite devenir votre nouvelle référence ! Véritable « Netflix éco-citoyen » cette plateforme cumule plusieurs centaines de contenus gratuitement pour vous aider à comprendre pourquoi il est si urgent d’agir tout en vous proposant des exemples d’alternatives concrètes à mettre en place sur tout le territoire pour remettre au cœur de nos vies et de nos villes plus de solidarité entre les êtres humains et plus de respect pour le Vivant dans sa globalité.
Troisième source d’émerveillement : la littérature ! Il semble loin le temps où Thomas More inventait le mot « Utopie » dans son ouvrage éponyme de 1516 et pourtant, en 5 siècles, il existe assez peu de romans qui proposent des visions positives de l’avenir. Quelques suggestions quand même pour commencer à explorer un domaine en plein boom : Ecotopia d’ Ernest Callenbach, Siècle Bleu de Jean-Pierre Goux, Les Furtifs d’Alain Damasio, Utopies Réalistes de Rutger Bregman ou encore Les Déliés de Sandrine Roudaut.
Le pouvoir des nouveaux imaginaires
Au-delà de mieux regarder autour de nous pour dénicher les exemples auxquels se raccrocher. Nous devons également reprendre notre pouvoir de conteuse et de conteur. Car pour enfin passer à l’action, il faut d’abord visualiser ces opportunités. Ce ne sont pas des histoires fantasques que nous devons inventer mais des récits réalisables à condition qu’on ose les faire exister dans nos futures conversations ! C’est leur force : ils sont « performatifs ». Comme le fameux « Je vous déclare mari et femme », le fait de faire émerger dans nos conversations des avenirs souhaitables où nous serions heureux et plus en harmonie avec la nature constitue la première étape fondamentale pour que cette société plus durable et solidaire existe. C’est le pouvoir de l’utopie, la vraie première pierre de toute révolution.
Deuxième exercice donc : imaginons, rêvons et matérialisons ce que nous avons à gagner à changer nos modes de vie. Bien sûr que nous voulons tout faire pour limiter la hausse des températures, endiguer l’extinction de la biodiversité, arrêter la pollution plastique des océans, empêcher la destruction des sols, mais en réalité, ce ne sont pas des objectifs mais bien des externalités positives du changement profond de nos modes de vie vers des lendemains qui chantent. Dis autrement, l’opposition au système actuel et la réduction de notre empreinte environnementale ne peut être que la conséquence d’une volonté de vivre mieux !
Et le mieux dans tout ça, c’est que chacun a son mot à dire. Ce changement d’ère nous donne à toutes et tous la possibilité de sortir du mode « pilote automatique » dans lequel nous a enfermé le système libéral. Plutôt que de suivre une autre promesse, même écologique, sans se servir de notre esprit critique, osons nous approprier les changements à venir pour vraiment décider de notre place.
Comme le dit Matthieu Baudin : « il est temps de prendre au sérieux nos rêves pour en faire des stratégies ». C’est ainsi que les jours heureux où nous prendrons notre place parmi la nature, où nous nous ancrerons dans le moment présent, où nous tomberons amoureux du cosmos et tellement d’autres destins désirables qui sont encore à hauteur d’humanité, adviendront enfin. Et ce futur n’est sans doute plus si lointain…