Une politique environnementale forte dans l’Union européenne dépend grandement de la composition du futur Parlement. Si vous ne savez pas encore pour qui voter, vous pouvez faire ce test. Partagez-le avec vos amis et encouragez-les à aller voter !
La crise climatique est le plus grand défi de notre époque et doit devenir la première préoccupation politique des gouvernements du monde entier. Selon le rapport récemment rendu aux Nations unies, nous avons tout juste 12 ans pour éviter la catastrophe climatique qui mettra fin à la vie sur Terre telle que nous la connaissons.
Il faut prendre des mesures radicales si nous voulons éviter l’effondrement climatique et ses conséquences désastreuses. Nous devons atteindre l’objectif de 1,5 °C fixé par le rapport du GIEC.
Les élections européennes de fin mai 2019 serviront à former une nouvelle Commission et un nouveau Parlement.
L’ action climatique pourrait devenir l’un des moteurs d’un projet européen renouvelé qui ferait de l’innovation, de la justice (climatique) et de la protection ses priorités. Mais un Parlement majoritairement composé de partis climato-sceptiques pourrait aussi choisir la voie de l’isolation et du déclin environnemental.
Tout dépend de votre vote.
Les trois priorités climatiques de l’Europe pour la décennie à venir
Ces élections sont décisives pour la question environnementale, car le nouveau Parlement européen devra statuer sur trois questions majeures. Sans eurodéputés ambitieux et sensibles à la question climatique, il est peu probable que nous avancions dans ces domaines.
Nous sommes convaincus que les trois batailles principales en matière de politique et de direction du nouveau Parlement et de la nouvelle Commission devraient être :
1 – L’ élevage et l’agriculture
Fonctionnement de la Politique agricole commune
Notre système agricole est brisé et, malheureusement, la Politique agricole commune (PAC) fait largement partie du problème.
La PAC est un système de subventions pour les agriculteurs européens. Près de 40 % du budget de l’UE – c’est-à-dire l’argent versé par les États membres pour financer les projets et politiques de l’Union – va directement à la PAC.
Créée après la Seconde Guerre mondiale, elle avait pour objectif d’aider l’Europe dévastée à se nourrir. Au fil des ans, cette politique a pourtant généré des déséquilibres majeurs. Comment ? Pour mieux comprendre le fonctionnement de la PAC, vous pouvez consulter cet article.
Pour l’expliquer simplement, la PAC est divisée en deux piliers :
Le pilier 1, relié au budget commun de l’UE, inclut des paiements directs aux agriculteurs et un soutien général au marché agricole. Le pilier 2, lui, est essentiellement financé par les États membres et comprend des subventions pour les programmes de restauration des paysages, la promotion du tourisme et l’agriculture biologique.
Le problème de la politique agricole européenne
Le budget européen alloué à l’agriculture est réparti entre les États membres sur la base d’un calcul proportionnel. Les subventions attribuées aux États membres sont ensuite transférées aux exploitations qui en ont fait la demande. Le montant accordé à chacune d’entre elles dépend essentiellement – et c’est là tout le problème – de sa zone d’opération et de sa capacité de production.
Ce système a entraîné une surproduction de nourriture que le marché européen est incapable d’absorber, et qui représente de surcroît une pression considérable sur nos sols, notre faune et notre flore.
Le résultat ?
80 % des fonds affectés sont reversés à seulement 20 % des fermes, lesquelles sont majoritairement aux mains des grands groupes. Ou pour le dire autrement : 80 % des exploitations sont contraintes de survivre avec tout juste 20 % du budget disponible. Ce budget favorise ainsi indirectement les pratiques agricoles destructrices, au lieu de promouvoir des pratiques écologiques porteuses de renouveau.
Ce qui doit changer
Le projet concernant la prochaine période de financement pour la PAC 2021-2027, actuellement en cours de négociation, devra être approuvé par le Parlement qui sera élu fin mai.
Bon nombre d’ONG, d’organisations et même d’eurodéputés réclament une nouvelle PAC pour remédier à ces déséquilibres, par exemple en séparant paiement et objectifs de production ou en donnant la priorité aux méthodes d’agriculture écologiques à petite échelle.
2 – La neutralité carbone
Le rapport de l’IPBES des Nations unies et celui du GIEC ne laissent aucune place à la discussion : si nous voulons préserver toute forme de vie sur notre planète, la hausse des températures mondiales ne peut dépasser les 1,5 °C.
Pour y parvenir, l’Europe doit complètement renoncer aux énergies fossiles et réduire drastiquement ses émissions de CO2.
L’engagement contraignant pris par l’UE pour baisser ses émissions d’au moins 40 % d’ici la prochaine décennie ne suffit pas. L’Union européenne ne doit produire aucune émission nette. En d’autres termes, la quantité de dioxyde de carbone dégagée annuellement doit être réduite à zéro, voire être négative.
La poursuite rigoureuse de ces objectifs climatiques dépend fortement d’un Parlement européen qui refuserait tout législation européenne allant à l’encontre de ces standards de neutralité carbone (cf. comment l’UE légifère).
3 – Taxe carbone et énergies renouvelables
L’Union européenne dispose d’un vaste arsenal de politiques et de mécanismes complexes pour réguler les émissions de CO2 et soutenir le développement des énergies renouvelables.
Le principal dispositif pour tenter de réguler les émissions européennes est le système d’échange de quotas d’émission (SEQE-UE), qui est malheureusement loin d’avoir fait ses preuves...
C’est pourquoi de nombreux experts et groupes environnementaux exigent une taxe carbone qui ciblerait directement le vrai coût des produits qui ont un impact sur le climat.
Fixée au bon niveau, une telle taxe pourrait devenir un instrument clé de la réduction des émissions, car elle forcerait l’industrie à trouver des moyens de produire en polluant le moins possible. L’argent collecté grâce à elle pourrait alimenter en retour un effort européen plus ambitieux pour passer aux énergies renouvelables ou améliorer les réseaux ferroviaires européens.
Les États membres doivent toutefois être directement impliqués dans l’approbation d’une taxe carbone. Le Parlement européen ne peut pas prendre seul des décisions en matière de politique fiscale, puisqu’il ne s’agit pas d’une « compétence européenne ».
Sur ce sujet, voyez ce que déclare la tête de liste nationale du parti pour lequel vous pensez voter aux élections européennes au sujet de la taxe carbone. Est-elle favorable à la taxe carbone ? Plus important encore : votre ministre des Affaires étrangères ou celui de l’Environnement sont-ils d’accord avec cette politique ?
Au final, ce sera aux États membres de trancher sur cette question, quelle que soit la position du Parlement européen.
Pourquoi les élections européennes sont-elles aussi importantes ?
Troisième émetteur de CO2 au monde, l’UE a une grande responsabilité dans la lutte contre le changement climatique.
Ce dernier affecte tous les secteurs de la société – il touche notre économie, la migration et même notre santé. Le climat ne connaît pas de frontières et l’action climatique est plus efficace si elle est menée au niveau international.
Comment fonctionnent les élections européennes ?
Près de 400 millions de citoyens européens sont invités à se rendre aux urnes du 23 au 26 mai pour élire un nouveau Parlement européen et une nouvelle Commission européenne. Ces élections sont organisées tous les cinq ans (vous trouverez ici un résumé du fonctionnement des élections européennes et un guide instructif du Parlement européen sur le fonctionnement de l’UE).
Historiquement, le Parlement européen a assumé une position forte en matière de politique climatique et environnementale. Mais les élections européennes à venir pourraient bouleverser cet ordre des choses.
Quand il est question de l’Union européenne, la couverture médiatique tend à se concentrer sur les « sujets chauds ». Le vote pour bannir le plastique à usage unique, par exemple, a été largement rapporté.
Pourtant, au cours des dernières décennies, l’UE a poussé une vaste législation environnementale dont le public n’a pas toujours conscience. Cela comprend les régulations sur les OGM, les limitations sur l’utilisation d’agents chimiques dangereux dans les produits de nettoyage et bien d’autres sujets peu sexy, comme l’interdiction du plomb relâché dans l’atmosphère.
Ces politiques ont généralement été soutenues par un Parlement européen stable, traditionnellement composé de deux blocs : le centre droit du Parti populaire européen (PPE) et le centre gauche de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D).
Ce sont également ces deux groupes qui ont lancé un appel commun pour que l’Union européenne passe à une économie à bilan carbone neutre d’ici 2050. De nombreux sondages montrent toutefois que ces deux blocs vont largement perdre leur assise pour laisser place à un Parlement éclaté entre les partis de tout le spectre politique (et environnemental).
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La crise climatique n’est pas à prendre à la légère. Les arbres sont le remède offert par la nature pour absorber le carbone présent dans l’atmosphère. Aidez-nous à en planter davantage : si vous ne l’avez pas encore fait, téléchargez l’appli Ecosia dès maintenant et commencez à planter des arbres.