La nouvelle mode de planter des arbres à tout-va : une bonne nouvelle ?

L’action de Mr. Beast et sa #TeamTrees, la campagne de Plantons pour la Planète, le challenge de Bonn, l’initiative de la Grande Muraille Verte, la Déclaration de New York sur les forêts et bien d’autres initiatives similaires prennent de l’ampleur à un rythme sans précédent. De plus, de nombreux scientifiques déclarent que la reforestation est une excellente solution pour lutter contre le changement climatique. Cet engouement soudain pour les arbres soulève une question urgente : comment faire la différence entre les arbres qui protègent l’avenir de notre planète et ceux qui participent à sa perte ?

L'un des plus grands mensonges de notre époque est de faire croire que planter des arbres est simple. En fait, bien des choses peuvent mal tourner : si vous plantez une monoculture plutôt qu’une polyculture, vous vous retrouvez avec une zone morte. Si vous plantez des espèces non indigènes, elles peuvent devenir envahissantes et finir par détruire la biodiversité. Et si vous ne travaillez pas main dans la main avec les communautés locales, vos arbres, tout simplement, ne survivront pas.

En résumé, toutes les plantations d'arbres ne se valent pas. Cependant, une fois que vous savez où regarder, il est très facile de faire la différence entre une plantation durable et une plantation destructrice.

Si vous n’avez pas le temps de regarder cet épisode de « Behind the Picture », voici un résumé de ce que vous devriez demander la prochaine fois que quelqu’un vous dit planter des arbres :

  1. Les arbres ont-ils bien été plantés dans le sol ? Sont-ils surveillés ? Ou s'agit-il d’une promesse pour se sentir bien, qui finira en réalité dans le vent ?
  2. Les communautés locales sont-elles considérées comme des partenaires à part entière dans le projet ? Les arbres ont-ils un intérêt pour elles ? Prendront-elles soin des arbres ?
  3. Les espèces d'arbres sont-elles originaires de la région ou sont-elles importées et peut-être même envahissantes ?
  4. S’agit-il d’une forêt diversifiée ou d’une monoculture ?

Afin que cette vidéo soit accessible au plus grand nombre, nous avons ajouté une transcription à la vidéo :

Quand vous regardez une forêt, que voyez-vous ? Lorsque j'étais au Kenya en août dernier, j’ai pu observer deux réalités très différentes. J’ai marché dans des forêts fraîches et humides, où j'entendais les insectes et les oiseaux chanter. À deux pas de là en voiture, je me retrouvais entouré d'arbres qui semblaient hostiles à la vie. Il n'y avait plus de ruisseaux, ni d’oiseaux. Alors, cela m’a fait penser : de nos jours, tout le monde plante des arbres. Ou du moins, prétend le faire. Mais comment faire la différence entre les arbres qui protègent l'avenir de notre planète et ceux qui participent à sa destruction ?

L'un des plus grands mensonges de notre époque est de faire croire que planter des arbres est simple, car bien des choses peuvent mal tourner : si vous plantez une monoculture plutôt qu’une polyculture, vous vous retrouvez avec une zone morte. Si vous plantez des espèces non indigènes, elles peuvent devenir envahissantes et finir par détruire la biodiversité. Et si vous ne travaillez pas main dans la main avec les communautés locales, vos arbres, tout simplement, ne survivront pas.

En résumé, toutes les plantations d'arbres ne se valent pas. Mais une fois que vous savez où regarder, il est très facile de faire la différence entre une plantation durable et une plantation destructrice.

Ceci n'est pas une forêt. Cela n’est pas une forêt non plus. Ce sont deux monocultures, des plantations industrielles d'arbres d'une seule et même espèce, des déserts verts. Une chose que vous remarquez lorsque vous marchez dans une monoculture est que le sol est dur et l'air est silencieux. Les monocultures nuisent à la biodiversité parce qu'elles ne fournissent pas la nourriture, les abris et les nutriments nécessaires pour que la vie prospère dans toute sa diversité.

Les monocultures sont généralement plantées pour produire du bois d'œuvre, du caoutchouc ou encore de l'huile de palme bon marché. Ces produits sont généralement exportés vers les pays industrialisés qui laissent derrière eux les coûts réels de leur exploitation : des dégradations écologiques, des eaux contaminées par les pesticides, des sols épuisés et de piteuses conditions de travail. Depuis les années 80, ces monocultures d’arbres tropicaux ont quasiment été multipliées par cinq. Ce qui est également une mauvaise nouvelle pour le changement climatique.

Alors que les forêts diversifiées stockent des quantités massives de carbone, en particulier lorsqu’elles prennent de l’âge, les monocultures d’arbres émettent généralement du carbone parce qu’elles perturbent le sol et qu’elles ont tendance à être plantées là où se trouvaient autrefois de belles forêts anciennes.

Ne vous méprenez pas. Certaines monocultures ont parfois leur utilité. Par exemple, il est souvent judicieux pour les agriculteurs d’avoir un petit bois plutôt que de couper des arbres dans une forêt naturelle. Mais les grandes monocultures sont presque toujours destructrices.

En Indonésie, la transformation de forêts primaires en monocultures stériles est particulièrement frappante. Au cours des 30 dernières années, un quart de la couverture forestière du pays a été sacrifié sur l'autel de l'huile de palme bon marché. Voici comment cela se passe habituellement : les multinationales s'installent, achètent des terres à de petits exploitants agricoles, coupent d'immenses étendues de forêts naturelles pour faire place à une monoculture de palmiers, qu'elles recouvrent ensuite d’une très grande quantité de pesticides et d'engrais. Lorsque le sol est totalement épuisé, en seulement quelques années, les entreprises se déplacent vers d'autres zones de la forêt tropicale. En bref, ils traitent la Terre comme s’il s’agissait d’une ressource inépuisable.

Malgré tout, les institutions internationales comme l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, la Banque mondiale, ainsi qu'un certain nombre d'agences gouvernementales continuent de considérer les plantations de monoculture comme des forêts. Ce qui est pourtant, bel et bien, un mensonge.

Vous l’aurez peut-être deviné : nous ne sommes pas grands amateurs des monocultures à grande échelle. À chaque fois que Ecosia plante une forêt, nous nous assurons de planter une large variété d'espèces qui s'entraident à stocker le carbone, à réguler le cycle de l'eau, à restaurer les nutriments du sol et à renforcer la biodiversité. Comme celle-ci que nous avons plantée en Indonésie dans une ancienne plantation. Ou encore celle-ci que nous avons plantée au Brésil sur d'anciennes terres agricoles dégradées.

Alors, la prochaine fois que quelqu'un vous dit planter des arbres, demandez-lui : plantez-vous des forêts très diverses ou des monocultures ?

Mais il ne suffit pas que la forêt rassemble des espèces d’arbres diverses. Les espèces choisies ont, elles aussi, toute leur importance.

Lorsque vous plantez des arbres européens ou australiens en Afrique subsaharienne, vous déséquilibrez des écosystèmes fragiles. Ces espèces importées sont parfois envahissantes, elles remplacent les espèces indigènes, réduisent le niveau des eaux et affaiblissent la biodiversité. Nous préférons donc planter des arbres indigènes, surtout ceux qui sont devenus rares. Ces espèces ont pris des millions d'années pour s'adapter à l’environnement local et sont devenues avec le temps très douées pour cela.

Alors, la prochaine fois que quelqu'un vous dit planter des arbres, demandez-lui s’il plante des forêts diversifiées ou des monocultures, des espèces indigènes ou des espèces importées.

Il y a encore autre chose à prendre en considération lorsque vous plantez un arbre, quelque chose que la plupart des projets de plantation d'arbres oublient : les gens ! Trop peu de projets de reboisement tiennent compte du fait que la terre sur laquelle les organisations ont l'intention de planter les arbres est utilisée. Planter des arbres puis partir définitivement est un projet voué à l'échec. Les arbres survivent rarement et lorsque c’est le cas, ils sont souvent abattus.

La meilleure des stratégies est de placer les communautés locales au premier plan. Ce n'est pas seulement la bonne chose à faire, c'est aussi une nécessité pour que les forêts puissent repousser à terme. Lorsque les communautés locales ont une meilleure qualité de vie, la pression financière qui les oblige à vendre leurs terres aux compagnies minières, aux exploitants forestiers ou aux grandes entreprises agroalimentaires disparaît. Et lorsque leur qualité de vie s’améliore grâce à la plantation des arbres, elles ont une excellente raison de protéger ces arbres et d'en planter davantage encore.

Alors, comment s'assurer que les arbres profitent aux communautés locales ?

Dans la plupart des cas, les arbres que Ecosia plante fournissent aux communautés des produits qui ont de la valeur, par exemple la poudre de baobab, le beurre de karité, les fruits ou huile de tengkawang… pour n'en citer que quelques-uns. Consommer et vendre ces produits est, à long terme, beaucoup plus rentable que de couper les arbres.

Les arbres ont également un effet positif sur les petites exploitations agricoles. Ils améliorent la fertilité des sols, préviennent l'érosion, nettoient et renouvellent les réserves d'eau et créent des microclimats devenus une ressource vitale sur cette planète qui se réchauffe.

Alors, la prochaine fois que quelqu'un vous dit planter des arbres, demandez-lui s’il plante des forêts diversifiées ou des monocultures, des espèces indigènes ou des espèces importées. Et demandez-lui s'il engage avec lui les communautés locales dans le projet, ou s’il se contente simplement de laisser les plants d’arbres livrés à eux-même, en espérant le meilleur.

Il y a une dernière chose. Durant les premières années de leur vie, les arbres sont très fragiles. Il est donc important de prendre soin d’eux et de les surveiller avec attention, d’avoir une base de données qui vous dit exactement où ils se trouvent et s’ils ont survécu. Nous surveillons de près nos arbres pendant au moins trois ans grâce aux technologies satellites, aux applications de surveillance, aux photos géotaguées, aux auditeurs indépendants et aux visites sur le terrain. Si certains des arbres que nous surveillons meurent, nous les soustrayons de notre compteur d’arbres.

Vous avez compris l’idée. Ce travail est sacrément complexe. Mais nous n’avons pas vraiment le choix. Nous devons bien faire les choses. De plus en plus de scientifiques affirment que le reboisement est une solution de choix pour lutter contre le changement climatique. Donc, la prochaine fois que quelqu'un vous dit planter des arbres, tapez-lui cinq. Et ensuite, demandez-lui :

Premièrement. Les arbres ont-ils bien été plantés dans le sol ? Sont-ils surveillés ? Ou s'agit-il d’une promesse pour se sentir bien, qui finira en réalité dans le vent ?

Deuxièmement. Les communautés locales sont-elles considérées comme des partenaires à part entière dans le projet ? Les arbres ont-ils un intérêt pour elles ? Vont-elles s'occuper des arbres ?

Troisièmement. Les espèces d'arbres sont-elles originaires de la région ou sont-elles importées et peut-être même envahissantes ?

Et enfin, quatrièmement. S’agit-il d’une forêt diversifiée ou d’une monoculture ?

Au Kenya, en août dernier, j'ai rencontré Kiberenge Moraia. Il a 85 ans et a grandi dans une forêt indigène intacte. Il m'a raconté avoir beaucoup joué dans la rivière lorsqu’il était enfant. Mais dans les années 70, un organisme gouvernemental a remplacé cette forêt par une monoculture de pins. Peu de temps après, la rivière s'est asséchée.

Aujourd’hui, sa communauté plante des arbres indigènes avec nous. Et l’eau… elle revient.

Donc non, planter des arbres n'est pas une mince affaire. C’est complexe. C'est difficile. Mais lorsqu’on y arrive, c’est magnifique.

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